enquêter à partir des traces textuelles du web

couv_RESEAUX_214-215 (1).jpgL’essor du web et des réseaux sociaux offre aux chercheurs en sciences sociales un volume considérable de textes : des livres, des articles bien sûr, mais aussi des discussions sur des forums, des échanges sur les réseaux sociaux ou des plateformes en ligne. Mais au moment d’intégrer ces matériaux à leurs enquêtes, les chercheurs expriment souvent une hésitation. D’un côté, ils espèrent enrichir leur compréhension du monde social, en saisissant des activités sociales dont ces textes constituent la trace. Mais d’un autre côté, ils se confrontent à des questions délicates : peut-on avoir recours à des techniques d’analyse issus des mondes informatiques ? Comment s’approprier ces techniques dans le cadre d’une enquête de sciences sociales ? Comment collecter des informations sur l’ancrage social des personnes qui prennent la parole en ligne ? À quelles conditions le chercheur peut-il conserver une marge de manœuvre vis-à-vis des plateformes du web ?

Les enquêtes réunies dans ce dossier de Réseaux montrent ce que la recherche de sciences sociales gagne à se saisir de ces matériaux. Bien que portant sur des thèmes différents (la politique, la science, la médecine, le crime, la mémoire collective), chacune d’elles apporte une contribution substantielle à leur domaine de recherche en exploitant des matériaux tels que des tweets, des commentaires de presse, des interventions dans des forums, des échanges sur Wikipédia ou d’autres plateformes en ligne. Leurs auteurs mettent en œuvre des méthodes originales, qui combinent des techniques et des savoirs provenant de la sociologie, de la psychologie sociale, de la sociolinguistique et de l’informatique. Ce dossier de Réseaux contribue ainsi à surmonter les obstacles associés à l’élargissement des sources de l’enquête en sciences sociales.

Sommaire :

  • J.-P. Cointet, S. Parasie, « Enquêter à partir de traces textuelles ».
  • M. Akrich, « temporalité, régimes de participation et formes de communautés. Comprendre la dynamique d’un forum grand public autour du dépistage prénatal »
  • D. Chavalarias, N. Gaumont et M. Panahi, « Hostilité et prosélytisme des communautés politiques. Le militantisme politique à l’ère des réseaux sociaux ».
  • J. Baudry, E. Tancoigne, « La tête dans les étoiles ? Faire sens de l’engagement dans le projet de science participative SETI@home »
  • V. Beaudouin, « Comment s’élabore la mémoire collective sur le web? Une analyse qualitative et quantitative des pratiques d’écriture en ligne de la mémoire de la Grande Guerre »
  • P. Ratinaud, N. Smyrnaios, J. Figeac, G. Cabanac, O. Fraisier, G. Hubert, Y. Pitarch, T. Salord et T. Thonet, « Structuration des discours au sein de Twitter durant l’élection présidentielle française de 2017. Entre agenda politique et représentations sociales »
  • J.-P. Cointet, S. Parasie, « Comment se forment les publics d’une carte de crimes? Une analyse computationnelle de traces textuelles »
  • C. Danescu-Niculescu-Mizil, L. Lee, B. Pang et J. Kleinberg, « Les échos du pouvoir. Effets de langage et écarts de pouvoir dans les interactions sociales »